Marie-Jeanne et ses trésors

Radia Slimani

  • Marché autogéré du Satellite, Aubervilliers, France, mars 2019, photo Radia Slimani, The Gold Diggers Project

À Paris, les chiffonniers contemporains se font appeler « biffins ». En France, revendre des matières recyclables n’est pas aussi intéressant que dans d’autres pays (notamment faute de système de consignation généralisé) et les biffins (sur)vivent de la récupération et de la vente d’objets abandonnés, souvent trouvés sur les trottoirs ou dans les poubelles. Ces objets peuvent également être issus de dons ou de stocks personnels. Contrairement à la collecte des ordures qui relève d’un service sanitaire, l’activité des biffins participe à une économie populaire qui a, de tout temps, forgé l’histoire de Paris et dont ces récupérateurs sont aujourd’hui les porte-drapeaux. De par la récupération d’objets abandonnés, les biffins sont ainsi les ambassadeurs d’une forme populaire d’économie circulaire mais doivent, malheureusement, faire face aux mêmes défis que les chiffonniers du reste du monde : un manque de reconnaissance sociétale et politique, couplé à une répression policière entraînant une précarisation et une marginalisation accrues.

Radia Slimani