Dona Graça, qui n’a jamais travaillé dans le secteur formel, se présente comme une recicladora. Elle est très fière de son chariot blanc qui est le symbole de son indépendance. Comme dona Graça pratique la récupération dans ce quartier depuis plusieurs années maintenant, elle explique que « des gens séparent exprès les trucs pour [elle] ». Ces récupérations-là se révèlent les plus fructueuses bien que, paradoxalement, dona Graça soit également contrainte d’embarquer des choses qui l’intéressent moins. Mais qu’importe : le fait que les habitants aient préalablement séparé leurs déchets et prévu un sac spécifique pour les emballages induit une inestimable amélioration de son travail de récupération ! C’est beaucoup plus rapide et, surtout, infiniment moins dégradant car les matériaux sont propres. On n’a plus le sentiment d’agir à la dérobée, mais l’impression tangible d’être engagé dans une interaction respectueuse.
Jérémie Cavé